Atelier bébé signes Chrysalide - Studio Rosa - Photographe Dordogne - Maternité et moments de vie

La communication et le langage chez le tout-petit

Nos bébés communiquent bien avant de savoir parler. Déjà dans notre ventre, le développement de la communication va très vite, et leur permet de commencer à s’approprier le monde dans lequel ils évoluent.

Cet article abordera le développement de la communication chez le tout-petit avec Christine MAFAYOU, orthophoniste en Dordogne, mais aussi la communication gestuelle associée à la parole, appelée aussi Bébés signes, avec Lauriane, Floriane, et Romane.

Christine MAFAYOU - Orthophoniste en Dordogne - Studio Rosa - Photographe Dordogne - Maternité et moments de vie

Christine MAFAYOU est orthophoniste en Dordogne. Depuis quelques années, elle a mis de côté les troubles de l’adulte, pour se consacrer aux enfants.

C’est ce qui me parle le plus aujourd’hui. J’ai travaillé dans le centre d’audition et du langage à Mérignac, avec des enfants déficients auditifs, voire sourds, pour lesquels nous travaillions sur l’émergence du langage ou la lecture labiale.

Christine s’est progressivement spécialisée dans le suivi de l’enfant atteint de troubles de la communication, de pathologies sévères, d’autisme, ou de grands retards de développements, avec ou sans pathologie identifiée.

« J’ai beaucoup de supports de communication alternatifs que j’utilise quand la personne ne peut pas utiliser le langage verbal – pictogrammes, dessins, langue des signes. Pour certains enfants, c’est la porte d’entrée vers le mot et la structuration d’une forme de langage, et pour d’autres, ça vient en soutien à la parole ».

A côté de son activité, elle a enseigné plusieurs années auprès de futurs orthophonistes, en tant que responsable d’enseignement du développement du langage et troubles de la communication et du langage oral chez le tout petit. Elle était chargée d’enseignement pour les licences première année, en lien avec les autres départements (tels que la science du langage et la psychologie).

Aujourd’hui encore, elle continue à se former sur les Troubles du Spectre de l’Autisme.

J’accompagne de plus en plus d’enfants avec des troubles autistiques.

Les premières perceptions sensorielles chez le bébé : in-utéro

Beaucoup d’études ont été menées dans le monde entier, et de nombreux chercheurs travaillent encore activement sur le sujet.

« On sait que dans le développement in utéro, des éléments se développent très tôt, notamment au niveau des perceptions sensorielles. Les tout-petits ressentent déjà ce qu’il se passe à l’extérieur, à travers la paroi utérine, le ventre, le touché de la maman, les sons… », explique Christine.

Il avait d’ailleurs été démontré lors d’une étude, que les bébés dont la maman chantait une comptine enceinte, réagissaient lorsque cette même comptine leur était chantée une fois nés, et en avaient donc mémorisé le son, le rythme.

Ventre femme enceinte - Studio Rosa - Photographe Dordogne - Maternité et moments de vie

« Le développement du langage commence très tôt ! Ça ne veut pas dire qu’il faut se mettre la pression dans la vie quotidienne, ça n’aurait aucun sens, ajoute Christine. On ne veut pas développer une mécanique qui n’est pas naturelle, cela ne sert à rien de les sur-stimuler. Mais on sait que le développement de la communication chez le bébé ne passe pas que par la vue et l’audition. Beaucoup d’autres canaux entrent en ligne de compte dans ce développement : le ressenti, le touché, la proprioception… etc. »

Interagir avec son nouveau-né

Christine attire notre attention sur le dépistage auditif chez le nouveau-né, qui permet souvent de prédire d’éventuels troubles auditifs, de cibler les éventuels problèmes assez vite, ou de diriger dès les premiers mois de vie vers d’autres pathologies. Il est proposé systématiquement dans les maternités de Dordogne.

Les premiers signes intéressants dans le développement de la communication seront les signes para verbaux. On ne sera bien évidemment pas du tout dans le langage articulé avec un nouveau-né. Ça passera par des échanges de regard, des réactions au son, au touché… Le bébé utilise son corps pour communiquer. Il pourra repousser, tenir, serrer… pleurer, ou sourire. Cela passe par des choses qui ont l’air très simples, mais qui sont fondamentales.

Détail main de bébé - Studio Rosa - Photographe Dordogne - Maternité et moments de vie
© Studio Rosa

A l’inverse, un enfant qui restera des heures dans son couffin ou sa poussette, très passif, sera inquiétant, et devra alerter. Un enfant doit être demandeur de sauter, tomber, ramper, mettre à la bouche…

J’ai accompagné un petit qui arrivait en oralité tardivement, et après avoir fait le point avec les parents, on s’est aperçu qu’il n’avait jamais rien goûté. Le passage par la bouche fait partie du protocole. Parfois ils avalent du sable, de la terre… mais ils ont l’idée de recracher, et de constater que quelque chose se passe. C’est une étape qui leur permet d’avoir aussi conscience de leur espace intérieur !

Chaque bébé a besoin de faire sa propre expérience, d’avoir les mains sales, de toucher des choses collantes, de constater que les ronces griffent… etc.

Communiquer, c’est d’abord expérimenter son environnement.

Avant même d’être dans du langage, le bébé rentre dans le monde, et tout ce qu’il rencontre à travers son parcours et ses expériences doit faire sens. Ce sens-là, il ne le fera qu’à travers la découverte.

La découverte de son corps, tout d’abord : « Comment j’existe dans cet univers, et comment je l’appréhende au niveau moteur au niveau cognitif, et à travers les expériences émotionnelles liées à tout ceci ? »

Toucher à ça, me rend heureux. Ça, c’est chaud. Ça, c’est froid. Aïe, ça pique !

C’est ce qui nous permet de comprendre le monde, en parallèle avec les personnes qui élèvent l’enfant, et qui le nourrissent. Toutes ces expériences ont besoin d’une interaction fondamentale qui va mettre du sens à ses ressentis.

C’est chaud, tu t’es brulé ? C’est normal… Le feu, c’est chaud.

Oh oui, regarde c’est tout doux… C’est agréable…

Ce sont tous les mots qui accompagneront les expériences du tout petit qui permettront de mettre du sens à la découverte et d’approuver ses sensations.

Maman avec bébé qui se regardent - Studio Rosa - Photographe Dordogne - Maternité et moments de vie
Bébé sur un lit - Studio Rosa - Photographe Dordogne - Maternité et moments de vie

Christine ajoute :

Dans la construction du langage de l’enfant, on sait que la compréhension précède la verbalisation, l’expression, d’au moins six mois. Chez les bébés qui ont un petit peu de « retard » de développement, ça peut être un peu plus. Mais tout ce que le bébé va engranger, même s’il n’est pas capable de le restituer – s’il n’a pas encore tous les outils (organes) efficients pour le faire -, il va pouvoir le comprendre, le manifester et le restituer par des cris de joie, de pleurs, des jeux vocaux… etc.

Il est important que l’enfant soit entouré de personnes à l’écoute, qui l’observent, et qui comprennent ce qu’il souhaite, tout en le laissant être.

Le cerveau émotionnel se développe très tôt aussi, et toutes ces interactions qui ont une incidence sur le développement du langage, interfèrent aussi sur l’apprentissage, l’intégration au monde, les liens sociaux, les premières expériences et les interprétations.

Comment favoriser la communication avec son bébé ?

Christine MAFAYOU - Orthophoniste en Dordogne - Studio Rosa - Photographe Dordogne - Maternité et moments de vie

« Si on part sur un schéma typique, je pense qu’on peut dire qu’il faut s’ajuster à l’enfant. Un petit dont on comprend pourquoi il sourit dans la situation, on peut lui renvoyer son sourire et lui faire un petit commentaire, en validant sa réaction. « Oui, tu as raison c’est chouette… » »  nous explique Christine.

Elle ajoute également qu’on ne stimule pas son enfant, on vit avec lui. Il faut essayer d’être le plus naturel possible, en étant attentif. « Oh tu regardes ça ? C’est ça que tu veux ? Tiens je te le donne. » Tous ces échanges de regard, si nous n’y sommes pas attentifs, n’auront aucun sens et l’enfant ne saura pas quoi en faire.

Dans les premiers temps, on joue avec les sons, on peut les lui renvoyer. On joue au sens constructif du terme. La stimulation consciente et volontaire, elle devient nécessaire uniquement quand on a un enfant dont on devine qu’il ne se développe pas « comme il devrait ». 

L’enfant n’est pas outillé de la même façon à 3 mois, 6 mois, 12 mois, 15 mois…. Etc. Il faut laisser le temps au temps. Certains parleront comme des livres très vite à 2 ans et demi, d’autres prendront plus de temps.

Le temps n’est pas notre ennemi, dans le développement. 

Il est important néanmoins d’avoir en tête que l’enfant commence très tôt ses jeux vocaux, et que ce processus naturel permet de préparer l’utilisation de l’outil phonatoire. C’est en parallèle toute la relation d’échanges de la famille avec le tout petit qui va aider à structurer ces jeux vocaux en langage, petit à petit.

De petits moments pendant le repas, la période de câlins au moment du coucher, ou lors de la toilette, qui permettront de structurer tout le langage usuel, et toutes les petites modélisations qui lui sont nécessaires.

Par ailleurs, dans le développement, il a été aussi démontré que les routines étaient nécessaires.

Un enfant qui n’a pas de routine va avoir beaucoup plus de mal à construire le récit, car il n’a pas la temporalité et les modélisations nécessaires. Sans que ce soit extrêmement rigides, c’est manger à peu près la même heure par exemple… etc. 

« Quand on a à faire à un tout petit, je pense qu’il faut avoir une vision assez holistique de son enfant et se dire que tout est lié. Tout ce que je vais mettre en place dès les premiers temps de vie, va aussi structurer le reste. Ses sommeils, ses repas, ses vacances, la toilette… etc. Tout ce qui va venir alimenter le quotidien ou perturber aussi les routines, va permettre de faire sens et va s’inscrire dans les besoins de communication, et développement du langage. »

La communication gestuelle associée à la parole (bébés signes)

Atelier bébé signes Chrysalide - Studio Rosa - Photographe Dordogne - Maternité et moments de vie
© Studio Rosa

Pour couvrir ce sujet des bébés signes, ou plus scientifiquement parlant, la communication gestuelle associée à la parole, je me suis appuyée sur trois belles personnes :

Lauriane a appris la langue des signes pour en faire son métier, et est devenue médiatrice langue des signes françaises (LSF) et éducatrice spécialisée bilingue. Elle travaille aujourd’hui à Chrysalide à Périgueux, en tant que coordinatrice de projets, et donne en parallèle des formations en LSF à des assistantes maternelles, ou autre professionnel(le)s de la petite enfance.

Floriane et Romane, sont accompagnantes en périnatalité et parentalité sur Bergerac et Hautefort. Elles accompagnent les couples du désir de grossesse, jusqu’au postpartum de manière non médicale. Elles soutiennent les familles sur le plan émotionnel, physique (par des soins), mais aussi logistique et organisent toutes deux différents ateliers autour de la parentalité.

C’est quoi ?

Comme Romane l’explique, c’est un outil à disposition des parents pour communiquer avec son enfant différemment, avant l’apparition de la parole. 

« Les signes utilisés proviennent de la langue des signes française, utilisée par les sourds et malentendants. Le principe est d’allier un mot à un signe. » détaille Lauriane.

Romane et Floriane attirent d’ailleurs notre attention sur le fait que la LSF est une langue à part entière, qu’elles en utilisent l’outil, non la langue. Elles empruntent humblement les signes à une communauté qui s’est unie pour revendiquer la LSF auprès des pouvoirs publics, et il faut être respectueux de la langue, comme toute autre langue.

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Quels sont les avantages ?

« Cette forme de communication permet d’avoir un peu plus d’informations sur ce que le bébé a à nous dire, concernant ses émotions, ses besoins… et ainsi éviter les frustrations » sourit Romane.

Floriane aborde également le côté très ludique des bébés signes.

C’est un outil hyper vaste, qu’on peut apporter sous forme de jeux. C’est aussi super intéressant à mettre en place dans les routines qui sécurisent l’enfant.

De nombreuses comptines signées existent, et permettent de passer d’agréables échanges en famille.

Atelier bébé signes Chrysalide - Studio Rosa - Photographe Dordogne - Maternité et moments de vie
Atelier bébé signes Chrysalide - Studio Rosa - Photographe Dordogne - Maternité et moments de vie
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Quand commencer à signer ? Et quand voit-on les premiers retours chez notre bébé ?

Chacune s’accorde à dire qu’il n’y a pas d’âge pour commencer à signer, et que c’est une question d’habitude à mettre en place.

« Ça devient bien évidemment plus facile lorsque notre bébé est capable de nous regarder. » nous dit Romane

« Notre enfant ne nous répondra pas à 4 mois, mais plus il baignera tôt dans la régularité, plus il sera en mesure de les utiliser tôt par la suite. » explique Floriane.

Les premiers retours dépendent de bébé. Romane explique que certains bébés ne seront pas du tout réceptifs et ne signeront peut-être jamais.

« Mais la plupart du temps, on pourra considérer les premiers signes en retour aux alentours des 8-9 mois de l’enfant. » dit Lauriane.

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La sélectivité neuronale

« La sélectivité neuronale qui se met en place dès les premiers 6 mois avec la ou les langues parlées, va très vite ! » explique Christine, fascinée.

Il faut imaginer ça comme une immense ruche, avec pleins de réseaux. Au fil du développement du langage, dans les 3 et 6 mois, c’est comme si on éteignait des lampes.

Il existe de nombreux points de vue dans la littérature. Certains pensent que, comme on devient expert, le reste s’éteint et meurt. D’autres expliquent que ces compétences d’apprentissages sont acquises toute la vie.

Il a été démontré que, même dans le cas d’atteintes cérébrales (non massives), d’autres réseaux neuronaux se développent, permettant ainsi aux zones affectées de refonctionner sur certaines compétences.

« On est une belle machine, qui a capacité à se réparer. » ajoute Christine

Il en va de même pour le développement du langage. Cette plasticité cérébrale permet à l’enfant de pouvoir parler une ou des langues spécifiques de manière fonctionnelle, plus ou moins fluente, en fonction du degré d’exposition à la langue. L’enfant sera également en mesure de s’adapter aux changements, et aux différents publics.

C’est intéressant au niveau du développement de voir comme tout ceci se précise. Dans la plupart des cas, il y a capacité à reconstruire, réparer, ou à trouver des stratégies compensatoires pour développer ce qui doit être fonctionnel dans la vie de l’enfant.


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