Mélanie ROSA - Studio Rosa - Photographe Dordogne - Maternité et moments de vie

La naissance d’une mère

Premier bébé – Marie

Récit de Mélanie ROSA

J’ai eu la chance de devenir mère le 30 septembre 2021, où j’ai donné naissance à une petite Marie. Ce rôle de mère, je l’attendais avec impatience comme une révélation certaine. Comme une future maman épanouie, avec ce profond besoin de m’abandonner à elle, de partager, de l’aimer, de rire, de vivre.

Originaire de Clermont-Ferrand, nous avons déménagé quand j’étais encore petite avec mes parents pas très loin de la Suisse, pour leur travail, et leur carrière.  Une scolarité quasiment exemplaire, dans une famille où le travail était (est ?) ce qui primait. Le Journal de 20h à table étant le cinquième membre de notre famille, et la carrière de mes parents le sixième. Elevée comme une page blanche, sans caprice, sans conviction dans la vie, sans réelle passion, sans déranger, je n’ai jamais été turbulente, toujours sage, toujours à ma place.

J’ai rencontré en 2015 l’amour de ma vie. L’Homme qui a changé ma vie et qui est devenu mon mari. Il m’a ouvert les yeux sur ce monde que mes parents avaient construit autour de moi et dans lequel je errais avec des œillères. Il a su faire de moi la Femme que je suis aujourd’hui, qui communique, qui se confie, qui s’est ouverte au monde, et qui a pris conscience de la beauté de la vie. Parti d’une page blanche, il a fait de moi une histoire merveilleuse qui sait désormais s’écrire jour après jour, où les lignes se dessinent naturellement. Emprisonnée dans une personne qui n’était pas moi, il m’a montré où trouver la clé pour en sortir et devenir celle que je suis réellement.

Nous avons vécu ensemble quelques temps à Clermont, puis sur Annecy, où il est originaire, pendant 2 ans.

Ce retour dans la région nous a ouvert les yeux sur le côté « business », et carriériste qui prônait, et qui ne nous convenait pas du tout, nous qui priorisions la vie de famille. Nous avions besoin de changer d’air.

En mai 2020, nous avons vendu l’appartement de mon Mari, il a quitté son travail, mes beaux-parents à la retraite ont vendu leur maison, et le 3 juin 2020, jour de déconfinement, nous avons pris la route tous les quatre pour nous installer en Dordogne. Nous sommes donc arrivés avec nos meubles à quatre dans une location proche de Périgueux, en attendant que chacun trouve une maison, dans cette belle région où nous n’avions passé que quelques jours durant les fêtes de 2019.

J’ai arrêté ma pilule début Juillet 2020, nous nous sommes mariés en août, et nous nous sommes mis à la recherche d’un emploi. Mon mari a embauché en Octobre, et j’ai suivi en Janvier, où je suis tombée enceinte le jour de mon début de contrat. J’ai été embauchée en tant que contractuelle en CDD d’1 an dans une Mairie à côté de Bergerac, et se suivait une période de stagiairisation d’1 an aussi, avant complète titularisation (CDI). J’ai eu très peur que la grossesse les décourage à me garder par la suite, et donc qu’il nous soit impossible d’obtenir un prêt. L’annonce au boulot a été très compliquée.

Nous sommes devenus propriétaires en juin 2021, après avoir réussi à obtenir notre prêt. Nous avons emménagé en juillet, après quelques travaux dans une belle chartreuse de 1773, que nous n’aurions jamais pu nous offrir en Haute-Savoie.

Ma grossesse quant à elle s’est très bien passée. Je n’ai eu que quelques nausées et vomissements les deux premiers mois – où il me tardait de voir mon ventre s’arrondir – et quelques reflux gastriques certains soirs des deux derniers mois.

J’ai adoré être enceinte, sentir les petits coups de pieds de notre bébé, ses hoquets, la voir grandir et évoluer à chaque échographie. J’ai même regretté que mon ventre ne grossisse pas autant que chez d’autres femmes : à partir du 7ème mois, il n’a plus beaucoup grossi.  L’accouchement était prévu pour le 4 octobre.

Malgré cela, j’ai vécu ma grossesse assez seule. Nouvelle dans la région, je n’avais pas beaucoup de compagnie, pas vraiment d’amies à qui me confier, même si mon mari a été d’un grand soutien. Nous sommes très fusionnels, et je lui dis tout ce que je peux ressentir. Il est à la fois mon ami, mon amant, mon confident, mon amour. Mais il me manquait des personnes extérieures avec qui parler, de choses et d’autres. Je me suis réfugiée dans des podcasts, dans des livres de grossesse (notamment « Attendre bébé autrement », et « J’accouche bientôt, que faire de la douleur »), dans des comptes Instagram comme celui d’Amandine Naissance, ou d’autres futures mamans.

Toute cette information incroyable m’a conduit à souhaiter un accouchement physiologique, ou encore à vouloir allaiter (chose que je n’imaginais pas quelques années auparavant). Car avec tout ça, je souhaitais me rapprocher de ma fille, l’accueillir comme il se devait. J’avais ce profond besoin de créer un lien unique entre elle et moi, et pour notre famille.

J’ai donc rédigé un projet de naissance dans ce sens. Je ne souhaitais pas de péridurale – ou la retarder au maximum. Ma grande crainte étant l’épisiotomie, je souhaitais privilégier des déchirures naturelles. Je souhaitais avoir accès à la salle nature de la maternité de Bergerac, avec la baignoire. Je souhaitais au maximum travailler seule, en présence de mon mari, sans que l’on intervienne si cela n’était pas nécessaire.

Après une grossesse idyllique, un accouchement de rêve.

Le mercredi 29 septembre à 18h20, mon mari rentre du boulot. La semaine a été chargée, mais il a terminé les choses importantes qu’il devait finir. Cela faisait depuis début septembre que la choupette se fait désirer maintenant. Nous étions sur le lit, à nous raconter notre journée. Il s’approche de mon ventre et chuchote doucement : « C’est bon Marichou, papa a terminé sa semaine, tu peux venir on t’attend ! »

A 18h30, j’ai été prise d’une contraction si violente, que je me suis pliée en deux.

J’en avais eu quelques-unes le matin même, mais rien d’alarmant, car j’en avais déjà eu des similaires. Mais pas d’une telle violence.

J’ai foncé à la douche avant de ne plus pouvoir, car je savais que le travail commençait. Les contractions étaient déjà toutes les 5 minutes, et sont arrivées d’un seul coup. Ironie du sort, la veille j’avais étrangement bien dormi contrairement à d’habitude où je me levais pour aller aux toilettes, et n’arrivais à me rendormir qu’au bout de quelques heures. La petite Marie m’avait laissé me reposer pour être en forme à la prochaine nuit où j’allais accoucher.

Je ne souhaitais pas aller à la maternité trop tôt, d’autant plus que pour un premier, on dit souvent que c’est plus long. J’ai donc envoyé un message à la sage-femme avec laquelle j’avais fait les séances de préparation à la naissance pour avoir son avis. Les contractions sont assez fortes et toujours toutes les 5-7 minutes, parfois toutes les 3 minutes. Elle me conseille de prendre un bain, pour voir si c’est un faux travail ou justement pour permettre aux contractions de se réguler. Mon chéri me prépare des pâtes pour que j’ai quelque chose dans le ventre pour la nuit. Certaines contractions me donnent envie de vomir. Je lui demande d’appeler la maternité pour s’assurer que la salle nature est disponible, et nous prenons la route peu après 20h.

Arrivés à la maternité, une sage-femme m’examine et me confirme que le travail a commencé. Je suis dilatée à 2. Les contractions sont toujours aussi fortes. Je vomis sur deux d’entre elles.

A 21h30 la sage-femme me propose d’aller dans la baignoire. J’y prends place assise, et me tiens avec ma main gauche à la poignée. Je laisse la droite flotter dans l’eau pour m’indiquer mon relâchement entre chaque contraction.

Je me répète mes mantras que j’avais imprimé le matin même « Je suis forte », « ensemble c’est tout », « une contraction après l’autre », « je sais accoucher et mon bébé sait naître ». Je fais des mouvements de balancier avec mon corps et ma tête pour passer chaque contraction. Le temps est long, et à la fois, il passe si vite.

La sage-femme nous laisse dans notre bulle et revient seulement de temps en temps pour savoir si je souhaite qu’elle m’ausculte. A 23h, je suis dilatée à 6-7cm.

Régulièrement mon mari m’envoie des « SMS souvenir » que je ne lirai que le lendemain. Il me dit qu’il est fier de moi, qu’il m’aime, que je suis forte et qu’il m’admire. Il est à côté de moi, je n’ai pas besoin qu’il me touche, sa présence me suffit. Parfois son souffle me parcourt la nuque, et me fait un bien fou.

A 1h30, les choses s’accélèrent. Je suis dilatée à 7-8 cm mais j’ai une irrépressible envie de pousser à chaque contraction. Je pousse maintenant des cris lents et rauques pour accompagner chacune d’elles.

A 2h20, j’arrive à sortir de la baignoire. La sage-femme m’avait demandé de sortir si je sentais que ça commençait à pousser. Je suis frigorifiée, chaque pas est difficile, car les contractions se suivent. On me couvre de draps et serviettes pour me réchauffer, et j’arrive enfin à m’allonger sur le lit.

A 3h, le travail semble stagner, je suis dilatée à 9cm. J’ai de plus en plus de mal à me détendre entre chaque contraction. La sage-femme me donne deux solutions : elle peut rompre la poche des eaux, ou je change de position pour mettre sur le côté gauche ou à genoux appuyée sur le ballon. Je prends l’option 2. Je savais que rompre la poche des eaux pouvait aussi accentuer les contractions et les rendre plus douloureuses.

La sage-femme me conseille de bien souffler et d’éviter de pousser afin d’accompagner encore au maximum la descente de bébé dans mon bassin.

A 3h40, je demande à mon mari d’appeler les sages-femmes, car je sens que bébé descend.

Je pousse à chaque contraction, et regarde mon chéri dans les yeux. Je suis tellement heureuse qu’il soit là, qu’il m’accompagne, qu’il me regarde ainsi, amoureux et admiratif et je réalise sur les dernières poussées que nous allons accueillir notre bébé. « Tu te rends comptes qu’on va faire la connaissance de notre choupette ? », je lui ai dit.

Au moment où la tête s’apprête à passer, je regarde la sage-femme qui se trouvait devant moi. La détresse se lit dans mes yeux pendant quelques secondes. Je me dis que ça ne passera jamais. Ca me brule. Elle me rassure, et me dit que je fais un travail remarquable.

Encore quelques poussées et je sens la tête passer. Puis 1, 2… et enfin le corps.

3h52, la petite Marie est née. Les sages-femmes me la tendent entre les jambes. Tout en la prenant contre moi, émue, les larmes aux yeux et tremblante, je lui souffle ces quelques mots : « On l’a fait Marichou… On l’a fait ! »

Je ne remercierai jamais assez l’équipe en place ce jour là, qui a veillé au respect de mon projet de naissance jusqu’au bout. J’ai eu l’accouchement dont je rêvais, exactement comme je l’imaginais.