Marion BERNOT, kinésithérapeute - Studio Rosa - Photographe Dordogne - Maternité et moments de vie

Le périnée, mon allier

Ce muscle dont on prend connaissance lorsque l’on devient mère, nous livre tous ses secrets…

Marion BERNOT, kinésithérapeute - Studio Rosa - Photographe Dordogne - Maternité et moments de vie

Marion BERNOT est kinésithérapeute depuis 2017. Elle est aujourd’hui spécialisée dans la rééducation périnéale suite à de nombreuses formations, puis a officialisé sa spécificité avec l’obtention d’un DIU en rééducation périnéale en 2022.

Marion est passionnée par son métier, et par sa spécialité.

C’est un sujet passionnant, un sujet tabou, et ça j’aime bien ! On vient vraiment apporter une aide, on parle de choses que les gens n’ont pas forcément eu l’occasion d‘aborder avec d’autres professionnels de santé : des problématiques qui impactent énormément la qualité de vie.

C’est le corps humain dans son ensemble qu’elle trouve passionnant, notamment le côté postpartum et les grossesses, avec le côté fabuleux de la naissance, du corps et de ses réactions.

« Le périnée est vraiment incroyable, mais aussi son lien avec les muscles abdominaux et du dos ! » a-t-elle ajouté en souriant.

Le périnée, quesaco ?

Ce qu’on appelle communément le « périnée », c’est en fait le « plancher pelvien » : un ensemble de muscles très toniques, ligaments et membranes situés au fond du bassin, constitué de plusieurs couches (profonde et superficielle). Il s’étend du pubis, en avant, au coccyx, en arrière. Le périnée, lui, ne concerne que la partie superficielle du plancher pelvien. 

Marion BERNOT, kinésithérapeute - Studio Rosa - Photographe Dordogne - Maternité et moments de vie

Ce plancher pelvien a plusieurs rôles fondamentaux :

  • Il soutient les organes situés au-dessus.
  • Il assure la continence, en permettant au sphincter urinaire de rester fermer sur les efforts notamment.
  • Il joue un rôle dans la stabilisation profonde des lombaires et du bassin (complexe lombo-pelvien), en travaillant avec le muscle le plus profond des abdos et les petits muscles du dos.
  • Le périnée a aussi un grand rôle dans la gestion des pressions intra-abdominales. Au-dessus de tous les organes et du périnée, on a le ventre, qui est une enceinte fermée de pression, comme un ballon de baudruche. Lorsque le périnée et les abdos enregistrent une petite pression, ils se contractent pour la renvoyer vers le haut.

« Ce qui est intéressant, c’est que le périnée est un muscle automatique. Au quotidien, si tout va bien, on n’est pas censé penser à notre périnée. » ajoute Marion.

Pourquoi en prend-t-on conscience seulement pendant la grossesse et le postpartum ?

Ventre femme enceinte - Studio Rosa - Photographe Dordogne - Maternité et moments de vie
© Studio Rosa

Dans notre société, en anatomie et en médecine de manière générale, on a toujours davantage décrit et apprit le corps de l’homme. 

L’anatomie complète du clitoris n’est entrée qu’en 2017 dans les manuels scolaires, c’est quand même assez fou ! On ne connait l’anatomie de la femme et on ne l’apprend que depuis très peu de temps.

Au niveau du périnée, comme c’est un sujet tabou, souvent c’est à la première grossesse voire pendant l’accouchement qu’on le découvre. Même s’il n’y a pas de problématique particulière, c’est le bon moment d’en parler et d’y associer tous les bons conseils pour la suite.

Au cours d’une grossesse, c’est le sujet de la continence qui peut nous fait prendre conscience du périnée. L’urètre bouge davantage pendant la grossesse et le périnée a donc plus de mal à le fixer et supporter les pressions plus importantes, pouvant provoquer des fuites urinaires. Tout ceci est aussi accentué par le poids du bébé dans l’utérus qui vient appuyer sur la vessie.

Le fonctionnement du périnée est malgré tout le même chez l’homme et chez la femme. A la seule différence, que les femmes ont un orifice en plus qui est le vagin, et que l’urètre est plus petit chez la femme que chez l’homme, donc les pressions sont parfois plus difficiles à gérer.

Chez les hommes, les seuls soucis qui peuvent les amener à consulter, c’est dans le cadre de problématiques liés à la prostate et après des opérations. Anatomiquement parlant, il n’y a pas de descente d’organe possible chez les hommes, puisqu’il n’y a pas d’orifice de sortie. 

Est-il nécessaire de penser à notre périnée tous les jours ?

« Techniquement parlant, s’il n’y a aucun symptôme, il n’est pas nécessaire d’en prendre particulièrement soin ou de le protéger à tout prix car il n’est pas forcément faible. A vouloir trop le renforcer, on peut d’ailleurs se retrouver avec un périnée hypertonique, qui apportera son lot de symptômes potentiels (douleurs, fuites urinaires). » explique Marion.

En revanche, y penser et l’intégrer dans sa pratique sportive, en adaptant ses gestes au besoin afin de limiter d’éventuelles hyperpressions ou d’obtenir un recrutement optimal des muscles abdominaux et périnéaux : c’est évidement intéressant !

En période de postpartum, période de cicatrisation, c’est un moment où il va être important de ne pas lui infliger de pression, ou de port de charges excessifs. La respiration est importante lorsqu’on soulève une charge, et notamment lorsqu’on doit porter le bébé ou le cosy.

En dehors de ce contexte-là, on est censé ne plus y penser, car sa fonction est automatique. On peut juste veiller à garder en tête quelques petits conseils de vie à appliquer au quotidien.

Maman avec bébé - Studio Rosa - Photographe Dordogne - Maternité et moments de vie
© Studio Rosa

Quel rôle le périnée joue-t-il pendant la grossesse, et comment le préparer ?

Tout d’abord, s’il y a des fuites, c’est le bon moment pour commencer une rééducation même pendant la grossesse. Plus on prend en charge tôt, moins il y a de risque d’avoir des symptômes qui dureront dans le temps après l’accouchement.

La posture se modifie, les pressions exercées évoluent, et il est possible au cours de la grossesse de ré-entrainer périnée et abdominaux dans le but de les maintenir compétents.

Préparation à l’accouchement

Le massage du périnée est une excellente façon de préparer son périnée à l’accouchement, et c’est appuyé par la littérature scientifique.

Cela permet de réduire les risques de traumatismes au niveau périnéal (déchirures, ou besoin d’épisiotomie), surtout sur le premier accouchement voie basse.

Le massage permet d’améliorer la souplesse des tissus, et peut se pratiquer à partir de 34 semaines d’aménorrhées, cinq minutes par jour, avec une huile végétale neutre.

« C’est aussi une manière de bien intégrer son corps et de l’aider à préparer le moment de l’accouchement et pourquoi pas de faire participer le co-parent. » explique Marion.

Changements hormonaux

Le périnée est intimement lié aux hormones.  A la fin de la grossesse notamment, au moment où le corps se prépare à l’accouchement, les hormones sont de plus en plus présentes, ce qui permet au périnée de se détendre de plus en plus.

« Lors de l’accouchement, c’est cet important taux d’hormones qui va permettre un étirement extrême, largement supérieur à ce que pourraient supporter les muscles en dehors de l’accouchement. C’est assez incroyable ! Dans la majeure partie des accouchements, cet étirement est bien supporté. Mais il arrive qu’il engendre des lésions, qui seront importantes à évaluer lors du bilan en postpartum. »

La rééducation périnéale en postpartum

Légalement, on peut commencer la rééducation périnéale à partir de 6 semaines après l’accouchement avec une sage-femme, ou à partir de 3 mois avec un kinésithérapeute.

La rééducation n’est pas nécessaire dans tous les cas. Il y a en effet des femmes qui vont retrouver une bonne compétence périnée-abdos très rapidement, mais honnêtement, c’est toujours le bon moment pour faire le point, et vérifier toutes les autres sphères lors d’un bilan approfondi.

Marion BERNOT, kinésithérapeute - Studio Rosa - Photographe Dordogne - Maternité et moments de vie

Si un bon bilan a été effectué, qu’aucun muscle n’a été lésé, qu’il n’y a aucun symptôme (douleur, pesanteur, fuite urinaire ou anale), alors on peut considérer qu’il n’y a pas forcément besoin de rééducation. Malgré tout, le moment reste le plus approprié pour obtenir des réponses à ses questions et  de bons conseils pour sa santé périnéale.

Deux rééducations sont souvent distinguées sur les ordonnances : périnéale et abdominale.

« En réalité, le périnée et les muscles abdominaux travaillent ensemble, et il paraît peu pertinent de les dissocier lors de la rééducation. A partir du moment où les rendez-vous sont possibles et où la femme se sent prête, la rééducation englobera des exercices incluant à la fois les muscles du périnée et ceux des abdos. » explique Marion.

Comment ça se passe ?

Lors du premier rendez-vous, on effectue d’abord un bilan complet, où sont balayées toutes les sphères.

  • La sphère ano-rectale, pour vérifier qu’il n’y ait pas de souci particulier (incontinence anale, constipation notamment).
  • La sphère gynécologique, pour s’assurer qu’il n’y ait pas de douleur, de tensions particulières, d’avulsions musculaires – on parle notamment de la grossesse, de l’accouchement et de tous les détails qui peuvent être importants.
  • La sphère urinaire, en contrôlant le rythme de la vessie, vérifiant la présence ou non de symptômes, de fuites urinaires.

C’est aussi le moment d’analyser le caisson abdominal et d’évaluer la présence ou non de diastasis abdominal (écartement normal des abdominaux, après un accouchement) pour adopter des exercices qui faciliteront son rapprochement.  

Pour finir, ce bilan comprend une vérification des insertions de chacun des muscles du périnée, et leur commande de contraction volontaire et automatique.

Ce bilan est le bon moment pour prendre conscience de l’ensemble des muscles du plancher pelvien.

« C’est important ! On sait qu’on a de meilleurs résultats lorsque la femme a une bonne conscience de son plancher pelvien. »

« Une fois cette prise de conscience acquise, que la patiente sait gérer la contraction et surtout le relâchement de son périnée, et qu’on l’estime suffisamment compétent, on ajoutera des exercices plus globaux en déséquilibre. Lors de ces exercices, on va chercher les contractions automatiques du périnée et des abdos, notamment, grâce à des situations ou le bassin est déstabilisé. » explique Marion.

L’objectif final de la rééducation est d’avoir la bonne conscience de toute cette sphère et que abdos et périnée aient retrouvé leur bonne compétence : qu’ils soient capables de gérer les pressions qui viennent du ventre, de réagir correctement quand on a besoin d’eux et d’aider les sphincters pour la continence. La rééducation du périnée peut se faire tout au long de la vie pour un impact positif à tout moment.

Et pour rappel, il n’est jamais trop tard pour une rééducation du périnée. C’est à tout moment de la vie et les objectifs seront toujours les mêmes, à savoir : retrouver un complexe lombo-pelvien compétent !

Quand reprendre les relations sexuelles avec son/sa partenaire ?

Marion explique :

Il n’y a aucun délai particulier, il ne faut pas se mettre la pression. Certaines cicatrisations prennent du temps. Il faut que la femme se sente prête et surtout qu’il n’y ait pas de douleurs. Si c’est le cas il ne faut pas hésiter à consulter sage femme ou gynécologue, et se faire accompagner avec une rééducation spécifique.

Studio Rosa - Photographe Dordogne - Maternité et moments de vie
© Studio Rosa

Quand sensibiliser nos enfants ?

Aux yeux de Marion, il est primordial dans un premier temps de sensibiliser les enfants à leur corps, sans faire de tabou sur cette zone.

A mon sens, avant de parler périnée, je trouve hyper important que les enfants sachent parler librement de leur partie intime, avec les bons mots, et les vrais mots. C’est leur permettre d’avoir une pleine conscience de leur anatomie ou de leur sexe.

La sensibilisation à la notion de périnée et aux bonnes attitudes à adopter commence dès le plus jeune âge, dès l’acquisition de la continence.

La constipation est une problématique très fréquente, et peut parfois trouver son origine dès l’enfance. Alors il est important d’expliquer à nos enfants les bonnes bases, leur apprendre à ne pas pousser, à avoir la bonne position, les pieds relevés…etc. Des vidéos, des livres et plein de supports différents expliquent facilement tout ceci aux enfants. 

Elle insiste également sur le fait qu’il est important de respecter son besoin d’uriner, et qu’il ne faut pas aller uriner toutes les demi-heures, ou à heure fixe. Il est préférable d’attendre que la vessie nous ait donné l’information de la vider, environ 2h30 ou 3h entre deux mictions.

« Cela soulève aussi une question intéressante au niveau des écoles, qui sont obligés d’emmener à heure fixe les enfants aux toilettes au moment des récréations, par souci d’organisation. » ajoute-t-elle.

Portrait enfant - Studio Rosa - Photographe Dordogne - Maternité et moments de vie

A la maison sinon, Marion nous invite à bien respecter les besoins d’uriner et d’aller à la selle, et de respecter aussi parfois le réflexe gastro-colique qui peut survenir pendant ou après le repas, et peut conduire l’enfant comme l’adulte à une envie d’aller subitement à la selle.

« C’est important de respecter l’envie des enfants et leurs besoins, il faut leur faire confiance. » conclut-elle.

Le mot de la fin

« A partir du moment où tout a été vérifié lors d’un bilan, et que toutes les sphères ont été contrôlées et ont retrouvé leur bonne compétence, il est important de se faire confiance et d’écouter les signaux de son corps. »

Photos © Studio Rosa


La naissance d’une mère

Récit d’accouchement – Par Mélanie ROSA

J’ai eu la chance de devenir mère le 30 septembre 2021, où j’ai donné naissance à une petite Marie. Ce rôle de mère, je l’attendais avec impatience comme une révélation certaine.

Mélanie ROSA - Studio Rosa - Photographe Dordogne - Maternité et moments de vie